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tivitè et jetés en cet état dans les Gaules par groupes considé -
râbles. La Narbonnaise, la Celtique, l'Aquitaine, avaient des
Israélites plus de cent ans avant l'ère chrétienne. Le Dauphiné en
possédait aussi dans les premiers siècles de l'Eglise. Une lettre du
pape Victor défend, au deuxième siècle, à l'évêque de Vienne de
célébrer la Pâque avec eux, et Grégoire de Tours donne à Mar-
seille l'épithète à'Hebrxa, pour indiquer le grand nombre de
Juifs qui y avaient fixé leur demeure \
   Malgré la différence de leur culte, ces descendants d'Abraham
furent souvent confondus avec les chrétiens et enveloppés avec
eux dans les mêmes persécutions par les empereurs romains.
Décius, Valérien, Dioclétien les envoyèrent au bûcher sans les dis-
tinguer des disciples de Jésus-Christ. Cette communauté de pro-
scription ne les réhabilita point aux yeux de ces derniers. Les lé-

suit, les faits s'y déroulent et les époques s'y succèdent dans un ordre lumineux et
saisissant. Quelques coups de crayon lui suffisent pour dessiner la physionomie d'un
peuple ou esquisser une grande thèse juridique. Gicéron dirait de quelques-unes de
 ses pages qu'elles renferment une forêt d'idées, sylva rerum et         sententiarum.
   « Ge livre vivra, car il a le cachet des œuvres qui durent. Il en a les mérites, k s
reflets et les grandeurs. On y retrouve réunies et la richesse du style et l'éloquence
de la pensée. La faveur publique semble donc lui être acquise et le succès ne peut
que le couronner.
   « M. Beaune d'ailleurs est habitué à cette faveur. Son goût pour les arts, ses in-
stincts littéraires, l'éclat de ses services judiciaires lui ont donné un renom que son
dernier ouvrage ne fera qu'agrandir.
   « Il a revêtu, en d'autres temps, la toge des plus grands magistrats. C'est la voix
toujours redoutable du procureur général, qu'il a fait entendre à Alger, à Aix et à
Lyon. L'es multiples devoirs de ces hautes fonctions ne l'absorbaient pas tout entier.
Gomme les magistrats des temps passés, dont il descend en droite ligne, il aimait à
vivre dans les paisibles régions de l'art et des lettres. Cette alliance a d'ailleurs
toujours porté de grands et beaux noms.
   « Elle s'est appelée dans l'antiquité Gicéron, Pline le Jeune, Quintilien ; dans les
temps modernes, L'Hôpital, Lamoignon et Daguesseau. De nos jours encore, il est des
magistrats que les lettres et les arts accompagnent sans cesse pour être plus sûrs de
les retrouver un jour et au besoin de les conquérir.
   « M. Beaune a déposé sa robe de magistrat ; c'est aux labeurs de l'enseignement
qu'il consacre maintenant sa féconde maturité. Mais l'enseignement est aussi une
magistrature et un sacerdoce et ses disciples formés à son école et par ses exemples
ne pourront que devenir des hommes sérieux et d'utiles citoyens. Il n'a pas encore
lié sa gerbe et fini sa journée. Il nous annonce lui-même qu'il se propose de pénétrer
plus avant dans cette étude, de localiser les principes généraux et d'interpréter une
coutume particulière. Ge nouvel ouvrage sera la suite et comme la sanction de celui
que nous venons d'examiner. Ils auront les mêmes attraits, la même faveur et les
mêmes destinées. »
   1
     Bédarride, les Juifs en France, p. Ã9.