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                      ACADÉMIE DE LYON                               69
  un tremblement de terre ; enfin, il touche à la terre des Hespérides.
  La montagne est évidemment l'Atlas occidental. Quant au fleuve
  Triton, on en compte deux en Afrique et un troisième en Crète.
 Le plus connu était voisin de Carthage et servait de déversoir au
 lac Triton qui couvrait une partie de la Tunisie actuelle. Héro-
 dote en parle à propos de la légende de Jason ; d'autres légendes
 en font sortir Minerve. Les Carthaginois tinrent soigneusement
 fermée cette mer intérieure qui était le débouché d'une grande
 route commerciale allant rejoindre l'Océan. Ptolémée mentionne
 encore le Triton versant ses eaux par un courant considérable
 dans la Syrte de Gabès. Au seizième siècle, Léon l'Africain le
 mentionne encore, mais ne versant plus que des eaux rares et
 chaudes. Deux causes l'ont fait disparaître : le déboisement qui a
 fait tarir les cours d'eau, et un soulèvement géologique indéniable
 qui éLève le seuil que veut maintenant percer le commandant Rou-
 daire. Mais du centre de l'Atlas actuel, peut-être du nœud oro-
graphique qui est au niveau de Laghouat, partait un autre Triton
 qui allait vers l'Atlantique et arrosait la vallée de Sous. On a re-
trouvé récemment dans cette région les traces du second lac Triton,
 un bassin rempli d'alluvions relativement récentes, et un seuil de
 craie entre l'ancien lac et la mer. On arrivait par là au jardin des
Hespérides à la voix harmonieuse, c'est-à-dire au pays des femmes
lavant l'or. C'est là que, suivant quelques légendes, Hercule, re-
venant des colonnes qui portent son nom, était allé à la conquête
des fameuses pommes d'or. Phérécyde, dans ses fragments, parle
de ce voyage. Aristote, dans sa Météorologie, place dans la même
région le mont Argyros, auprès du fleuve Crémétès, et près du
Nil principal. Le Périple d'Hannon mentionne aussi un fleuve
Crétès. Le mont Argyros doit être cherché dans la région monta-
gneuse et aurifère qui sépare le Sénégal, qui est le Crémétès des
anciens, du Niger que les Africains appellent encore aujourd'hui
le Nil. Delà l'immense importance de cette région des Atlantes ou
habitants du Sud marocain. C'étaient les marchands d'or de
l'antiquité.
   Solon a fait sur ces régions un poème malheureusement perdu,
mais auquel Platon a fait des emprunts importants dans le Timêe
et dans le Critias. On y voit le pays des Atlantes décrit comme