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30 ' LA R E V U E LYONNAISE mariage avec une autre femme, sans encourir les peines de la bi-' garnie, tfn arrêt de la cour de Pondichéry a décidé que le change- ment de religion n'était plus une cause de dégradation, et ne con-f sitituaitpas'dès lors une incapacité d ) succéder ; mais cet arrêt n'a pu préserver que les droits successoraux des convertis. Comme parle ]assé,la caste est perdue pour eux "ipsofado. Ils ne contracteront jamais d'alliances et ne conserveront pas même de rapports sociaux avec leurs concitoyens restés fidèles au brahamanisme. Les premiers parias ont été, d'après la tradition et d'après Manou, le produit du commerce des Soudras avec des femmes de. la classe sacerdotale. Il est probable que les criminels et les déchus des autres classes sont venus dans la suite: se joindre à eux, qu'ils sont devenus, suivant l'expression de M. Gibelin, « une sorte de piscine êpuratoire où toutes les sécrétions ont été rejetées. »Mânôu; qui les appelle souvent « les derniers des hommes », les condamne à demeurer hors des villages, à ne posséder pour tout bien que des chiens et des ânes; à n'avoir pour vêtements que les défroques ('es morts, pour plats que des pots brisés, pour parure que du fer; à errer sans cesse d'une place à une autre ; â ne recevoir de nour- riture que dans des tessons et par l'intermédiaire d'un valet; à ne pas circuler là nuit dans les villages et les villes ; à s'affubler, le jour, de signes dist'mctifs ; à porter le corps des personnes mortes sans famille et à exécuter les criminels. Le législateur ajoute : « Qu'aucun homme fidèle à ses devoirs n'ait de rapports avec eux. Ils doivent ne faire d'affaires qu'entre eux et ne se marier qu'entre eux."»' .•••'•''.••'••" , On raconte que dans certaines parties de l'Inde,-a une'époque1 encore récente, l'homme des classes supérieures, qui rencontrait un de ces proscrits, pouvait le tuer. Ils doivent à la domination européenne une situation moins dure. C'est parmi eux que se recrutent presque exclusivement nos domestiques. Le sacrilège quotidien que nous commettons, en mangeant de la viande de bœuf, suffit à éloigner de nous tous les Indiens de caste qui gar- dent encore le respect des traditions religieuses. Ce contact né- cessaire avec les blancs donneaux parias une certaine importance. Leurs orgueilleux1 concitoyens ont souvent besoin d'eux pour arriver jusqu'à nous, mais, s'ils daignent s'en servir, ils ne cessent