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         NOUVEAUX S O U V E N I R S DE PONDIGHÉRY                   31
pas de les mépriser. Ce mépris est tel qu'à Pondichéry, où les
préjugés tendent pourtant à disparaître, un individu de cette
classe abhorrée ne franchit jamais le seuil d'une maison indienne.
Il se tient au bas de l'escalier et remplit â distance sa commission.
Dans l'intérieur du pays, il vit à l'écart, comme au temps deManou,
et les gens des villages lui refusent impitoyablement le riz, l'eau
et le feu. Il s'intitule lui-même : « l'homme qu'on ne touche pas. >  v
La mort même ne le relève pas de sa déchéance. Quelle qu'ait été
sa conduite en ce monde, il ne doit jamais avoir l'espérance d'être
admis au ciel immédiatement. Ses mérites lui obtiendront seule-',
ment de renaître dans une classe moins repoussante et moins
impure.
   J'ai lu dans la traduction d'un vieil ouvrage indien qu'un paria
très pieux, nommé Nandin, dut à une faveur extraordinaire dit
dieu Siva de pouvoir franchir le seuil d'une de ses pagodes, mais
il lui fallut auparavant se jeter dans un brasier ardent, d'où on lé
vit miraculeusement ressortir sous la forme d'un Brahme. Cette
transformation servit à sauver au moins les apparences. Le libé-
ralisme éclairé des administrateurs et la charité évangélique de&
missionnaires ont été également impuissants à détruire ce formi-
dable préjugé. On se résigne aujourd'hui à le respecter. Les parias
sont exclus des principaux emplois publics."Ils n'entrent jamais
dans le corps des cipahis, si ce n'est dans la musique. Un arrêté
local leur interdit de porter des babouches jaunes ou rougjs avec
rosettes. Ils ont une place distincte dans le temple du dieu de
l'humilité. Le prêtre chrétien qui euterre les convertis ne se trans-
porte qu'à leur domicile et laissa le convoi s'en aller sans lui
jusqu'au cimetière. Ces malheureux ont pourtant aussi leur orgueil
et leur hiérarchie. Ils se divisent en :
    Vallouvas, espèce de prêtres qu'on appelle par dérision Brahmes
des parias, ce sont eux qui reçoivent en justice les serments' de
leur tribu.                                                         '•!
    Valangaï-mougatlars,       domestiques des blancs.
   Pellas, jardiniers, cultivateurs.
    Totys, vidangeurs.
    Chacune de ces divisions se venge du mépris générai en mépri-
 sant celles qui là suivent.