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                      MON AMI GABRIEL                    475

   Le mal empira avec une effrayante rapidité. Le qua-
trième jour, Nelly était mourante. Elle le sentait; néan-
moins, la pensée de sa fin prochaine la laissait calme et
sereine. Elle demanda un prêtre. C'était le soir : ses amis
voulurent assister à la pieuse et navrante cérémonie.
Gabriel lui-même crut pouvoir, à cette heure dernière,
pénétrer dans la chambre de la malade ; il s'agenouilla
dans un angle obscur où il ne pouvait être aperçu de
Nelly. C'était la première fois qu'il la revoyait depuis la
néfaste journée : comme son visage était amaigri! Mais,
sous la pâleur mortelle, quelle sublime noblesse idéalisait
ses traits ! M. Delprat ne pouvait contenir ses sanglots.
Quant au jeune homme, la douleur l'accablait : le spec-
tacle qui s'offrait à lui le frappait tellement que ses yeux
restaient secs et sa bouche muette. Soudain, la mourante
souleva péniblement la tête, ouvrit les yeux et regarda
autour de la chambre :
  — Il est là !... dit-elle en désignant Gabriel. Je sentais
qu'il était là... il prie pour mon âme... merci !
  Et ses yeux se refermèrent.


                            EMMANUEL VINOTRINIER.



       (A suivre )