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                      MON AMI GABRIEL                   469

     Ces paroles firent frémir le jeune homme ; cette pre-
  mière confidence, si spontanée, le toucha profondément.
  Il allait parler, mais un sentiment de délicatesse le
  retint.
     — Que. diable avez-vous donc à regarder si longtemps ?
  leur demanda M. Delprat lorsqu'ils le réjoignirent.
  N'avez-vous pas appétit ? D'ailleurs, il faut nous hâter ;
  nous aurons un orage ce soir, la chaleur est déjà trop
  forte.
     Gabriel ne fit aucune observation et la coiiversation
  prit un autre cours.
     Après deux heures de marche, le chemin s'engagea
 dans un petit bois très-touffu et plein d'une délicieuse
  fraîcheur. On entendit bientôt distinctement les aboie-
 ments d'un chien et le bruit d'une fontaine : la ferme
 était là.
     C'était un vaste bâtiment de forme quadrang-ûlaire,
 à un seul étage, avec un grand toit très^-incliné ; à côté
 de la construction principale se trouvaient les fenils, la
 basse-cour, les écuries et les autres dépendances. Située
 sur un plateau d'une.'certaine étendue, la ferme des Mule-
 tiers servait d'auberge aux voituriers et aux paysans
 qui prenaient cette route pour descendre du haut Jura ;
 c'est de là que lui venait son nom.
    M. Delprat et ses compagnons furent introduits dans
 une1 grande salle mal éclairée ; une grande table en
noyer occupait le milieu et "plusieurs autres plus petites
étaient placées dans les angles ; les murs étaient couverts
d'un papier peint représentant d'une façon grossière les
principaux épisodes • du premier empire. Une grande
armoire, une horloge et des chaises de paille complé-
taient l'ameublement.
    Les touristes avaient terminé cet inventaire, lors-