Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
440                   POÉSIES DE MATTHIEO
  Pour le second, que la mort on mesnomme.
  Ne doibt on point avoir plus de soing, comme
  A trouver gens saiges pour diriger
  Ce pauvre corps, qu'il ne vive en danger
  Pour puis mourir perpétuellement
  S'il n'a vescu selon Dieu justement ?
  C'est donc à nçius une grande sottise
  Quand en cela tout mal chascun advise.
  Si de la mer nous voulons passer oultre,
  Chascun de nous diligemment s'accoustre
  A se pourvoir des choses nécessaires
  Pour éviter ventz et dangiers contraires ;
  Pareillement l'homme allant en bataille
  Pour s'esquiper jour et nuit il travaille,
  Cherchant moyens d'obvier aux assaulx
  Et pour le corps exempter de tous maulx ;
  Voire devant qu'il soit venu sur terre,
  Nous lui scavons tarit de remèdes querre :
  Drappeaulx sont prestz, langes, berceau, nourrice,
  Mais nul ne voys qui soit prompt ne propice
  A procurer qu'en terre des vivans
  Voise proveu (i) ; mais au monde estrivans (2),
  Nous n'apprestons ne linge, drap ne lange
  Pour s'en servir en pays tant estrange,
  Qui sont pour vray noz bienfaitz et vertus,
  Desquelz debvons estre tous revestus,
  Car telz drappeaulx n'abandonnent leur raais.tare,
  Soit au premier ou soit au second naistre :


  (1) Le sens est : Mais je ne vois personne qui se préoccupe d'arri-
ver pourvu comme il convient en la terre des vivants (dans l'autre
vie.)
  (2) Mais passant en ce monde notre temps à disputer.