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                           CHRONIQUE LOCAIK                        409
     quets, les applaudissements et les bravos. Les concours à
     vue ont eu lieu le matin, les concours d'exécution après
     midi ; le soir, la distribution des récompenses dans l'enceinta
     réservée, à Bellecour, a été contrariée par une pluie battante ;
     c'est un véritable malheur.
        Le lundi 21, fête au Parc, joutes, musiques, foule im-
     mense qu'on ne sait comment apprécier. Equipages, véhi-
     cules de toute espèce, et beau soleil. Le matin, les Suisses
     ont été conduits solennellement au Stand ; ce sont décidé-
     ment les héros du jour. On se souvient de leur sympathie
     pour nous dans nos malheurs. On leur paie aujourd hui une
     dette de reconnaissance.
        Le mardi, les Sociétés nous quittent, les mâts s'abaissent,
     les drapeaux se replient, la ville reprend son calme et, en
     regrettant que le temps n'ait pas été continuellement beau,
     on se félicite d'une fête admirablement organisée, où la joie
     et la sympathie ont seules régné et ou. ni accidents ni trou-
     bles n'ont eu lieu nulle part.
       Et maintenant, quel souvenir ont emporté nos voisins ?
     que disent-ils de notre ville ? quel effet avons-nous produit
     dans leur esprit ?
       Et nous-mêmes, que faisons nous ? à quoi pensons-
     nous? —
       Car, il faudrait cependant savoir où nous en sommes.
       Avons-nous la paix ou la guerre, l'abondance ou la di-
     sette, le travail ou la grève, la joie au cœur ou la tristesse *
     On dit, au loin surtout : Les ouvriers lyonnais sont sans
     pain, et la vogue des Tapis! est splendide. On se refuse tout ;
    campagne, toilettes, voyage ; on n'a pas touché de revenus,
    les vignes sont malades, les fonds baissent et on coujt au
    stand, au concert, au capitaine Boyton, à l'Exposition, è, la
    pièce nouvelle, à tout, car jamais Lyon n'a été si beau, si
    gai, si resplendissant ; jamais on ne s'est autant amusé4.
       C'est pour les pauvres, dira-t-on, je n'y contredis pas, et
    si cela doit faire aller le commerce, amusons-nous.
       Depuis que les plâtriers, les menuisiers et autres ont
    quitté les ateliers, depuis que la grève règne dans les chan-
    tiers, la régie a vendu pour quatre-vingt mille francs de
    plus de tabac qu'à l'ordinaire.
       Et les cabarets, les buvettes, les comptoirs, les zings, les
    brasseries         sont dans l'état le plus prospère ; l'octroi est
    radieux.
       — L'achèvement du théâtre des Célestins marche à
    grands pas; on repave les rues adjacentes, on refait les trot-
    toirs ; les magasins environnants font leur toilette, on es-
    père l'ouverture pour cet été. Pourvu, Monsieur, qu'il n'y
j . ait-pas de retards          Il s'agit bien des Turcs. L'impor-
    tant est de a'amuser.