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                        SIMPLE HISTOIRE                    377

    Puis il s'agenouilla devant la comtesse, et porta à ses
 lèvres le bas de sa robe de satin gris-russe.
    Il mit à cette action tant d'amabilité et de sentiment,
 qu'elle lui aurait attiré tous les cœurs, s'ils n'eussent déjà
 été à lui.
    —Oui,c'est moi,—réponditMme deV... en le relevant;—
 et vous vous trouvez au milieu de ma famille et de
 mes amis.
    — Messieurs et dames, la compagnie , je vous salue !
 Que c'est beau!., oh ! que c'est beau partout !—répéta-t-il
 encore.
   — D'où est-il ? Comment se nomme-t-il? — deman-
 dèrent plusieurs voix.
   — Vous entendez ?
   — Je m'appelle Noël-Christian Chandora, pour vous
 servir, Madame, et je suis de Saint-Jean-de-Maurienne,
en Savoie.
   Pendant ce rapide colloque, les spectateurs s'étaient
rapprochés du fauteuil de la comtesse et formaient cercle
autour d'elle, les femmes occupant les premiers rangs, et
les hommes plongeant au-dessus des têtes chargées de
fleurs, de rubans et de pierreries.
   Madame de V..., qui connaît de longue date la bienfai-
sance traditionnelle de'la cité Lyonnaise, comprit immé-
diatement qu'il y avait un moyen sûr de rendre utile pour
son protégé l'intérêt qu'il inspirait à tous. Elle fit, en
conséquence, un geste pour réclamer un peu de calme.
   — Christian, — dit-elle alors, — vous devriez nous
raconter pourquoi vous êtes venu de si loin, et depuis
combien de temps vous êtes dans cette ville.
   — C'est facile ça, Madame. Je suis arrivé ce matin avec
Jean, un maître de cheu nous, qui, tous les ans, embauche
pour l'étrange les petits ramoneurs, et ce soir je me suis
égaré en rejoignant notre garni.