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PAR M. L'ABBÉ C0NDAMIN 337 leurs et comme un ministre perfide des passions de la reine Brunehaud ; mais des écrivains éminents ont con- sidéré Frédégaire comme un calomniateur. « Ce fut, di- sent-ils, pour faire sa cour aux rois de Bourgogne, enne- mis déclarés de la mémoire de Brunehaud, qu'il a fait un si triste tableau de l'évêque Arige qui eut tant de part à l'affection de cette princesse. » Le P. Colonia, dans son Histoire littéraire, est moins affirmatif ; il se borne à dire « que les actions de ce prélat et de cette reine sont devenues de vrais problèmes, bien difficiles à résoudre. » Grégoire de Tours a beaucoup vanté Brunehaud, — il n'a voulu voir en elle que le restaurateur des anciennes voies romaines, et une pieuse princesse qui a élevé plu- sieurs hôpitaux, de nombreux monastères et plusieurs églises ; mais, Adon, dans ses Lettres à l'Eglise de Vienne cite des faits qui ne sont que trop certains. Alors, vivait sur le siège de Vienne un grand prélat, Didier. Arige le détestait secrètement, et ne chercha qu'à l'humilier. Didier étant allé à Chalon, y blâma les courtisans de la reine, et la reine, elle-même, à laquelle il dit ces paroles. « Et toi, Reine, crois-tu être comme l'agneau sans tache? — Jette les yeux sur ta conscience, tu y verras le sang de dix princes assassinés. » Puis il lui reprocha publique- ment ses désordres. Didier fut exilé dans le couvent de l'Ile-Barbe et dépossédé de son siège, en 603 , mais les Viennois révoltés le rappellent sur son siège ; des évêques complaisants le déposent, de nouveau, et le malheureux évêque est assassiné près de la rivière de Chalaronne, sur le territoire de la province lyonnaise. Brunehaud et Arige, par remords, disent quelques écri- vains, firent d'immenses présents aux moines d'Ainay — Arige passe pour avoir élevé l'église Sainte-Croix de Lyon, et pour avoir restauré celle de,Saint-Just, et même, si l'on i