Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
322                         POÉSIE
  Mais de l'humanité la voix pleine de larmes
  A compté tristement les morts et les blessés,
  Des mères et des sœurs les pleurs et les alarmes,
  Et crie aux nations : « Assez de sang, assez ! »
  A sa touchante voix le monde est sourd encore ;
  La guerre se rallume et du sang le regard
  Se détourne navré. Quand donc naîtra l'aurore
  Du jour où de la paix flottera l'étendard?
  Toi, France, dont l'épée a fait trembler la terre,
  Toi qui fus en tout temps prodigue de ton sang ;
  De Clovis à nos jours, de Chine en Angleterre,
  Toi qui maintins si haut ton honneur et ton rang.
  Sans craindre que jamais s'amoindrisse ta gloire,
  Ou qu'on puisse accuser ton cœur de lâcheté,
  C'est à toi qu'il revient de graver dans l'histoire
  Le code de la paix et de l'humanité.
  Et, bien qu'en son fourreau dorme ton vaillant glaive,
  Tu n'en seras pas moins, ô mon noble pays,
  Le premier entre tous, et le jour qui se lève
  N'éclairera pour toi que des fronts éblouis.
  Des sciences, des arts, tu seras toujours l'âme ;
  C'est toi qui leur répands la vie et le soleil,
  A ton foyer s'allume ou s'attise la flamme
  Qui du génie obscur appelle le réveil.
 Travailleurs de la terre ou bien de la pensée,
 Laboureurs ou savants, poètes ou tisseurs,
 Que votre main jamais ne s'arrête lassée ;
 Le renom de la France est fait de vos labeurs.
 Que par vous à jamais elle soit riche et fière,
 Enviée au dehors et chérie au dedans,
 Grande par son travail, son progrès, sa lumière,
 Grande surtout au fond du cœur de ses enfants.

                               MARGUERITE GONIN.