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318                    CHRONIQUE LOCALE

dans l'âge ingrat ; l'ange est devenu démon et il n'est sorte
de sottise qu'il ne fasse à sa bonne amie la Terre.
   Il fait pleuvoir, geler, venter; il rit avec l'Hiver, le retient
et, au lieu de réparer ses torts, il lui permet toutes sortes de
privautés inconvenantes.
   Grâce à eux, les rivières débordent, la neige couvre les
montagnes, les cbemins se déchaussent, le voyageur s'en-
rhume et le laboureur reste chez lui,
   On ne reconnaît plus le bambin adoré, dans ce grand dé-
gingandé tapageur et malfaisant qui nous gâte à plaisir les
plus jolis mois de l'année. Les réformateurs qui nous mon-
trent l'âge d'or non dans le passé mais dans l'avenir, auront-
ils la bonté de remettre à sa place ce ridicule extravagant,
de lui parler raison et de lui rendre sa grâce et sa joyeuseté
d'autrefois ?
   Et, à propos de réformateurs, ce n'est pas seulement dans
le monde matériel qu'on aurait besoin de leur aide; le monde
moral ne va guère mieux ; les crimes continuent à pulluler ;
on se tue, on tue son voisin, on vole un peu, histoire de
Se mettre à son aise ; on dirait que la ligne qui sépare le
bien du mal est effacée et que, pourvu qu'on ne soit pas vu
du gendarme, on peut tout se permettre, tout se passer.
   Et le commerce, et l'industrie, comment vont-ils ? vrai-
ment, si l'âge d'or doit venir, qu'il se hâte, car le présent
laisse fort à désirer,
   C'est pour adoucir les infortunes qui pèsent sur la ville
que la bienfaisance lyonnaise s'est levée. Fêtes et concerts,
conférences et représentations, ventes et tombolas, quêtes et
souscriptions, tirs, assauts d'armes, tout a été essayé, tout
a été fait pour pallier le mal. La grande fête artistique, avec
vente et tombola, des 14 et 15 avril, sous l'élan et la direc-
tion de Mesdames Welche, Bourbaki et l'élite de nos dames
lyonnaises, a eu un plein succès ; le concours musical des
20 et 21 mai prend des proportions considérables ; mais,
auparavant, le 1er mai, l'Exposition rétrospective des beaux
arts aura sollicité la bienfaisance plus encore que la curiosité.
Si tout change, l'antique et célèbre bienfaisance lyonnaise
ne change pas.
   Et ce n'est pas seulement Lyon qui ouvre sa bourse. De
toutes les villes de France viennent d'abondants secours ;
ce sont des comptes ouverts avec nos généreux voisins et,
en attendant revanche, ils peuvent compter sur notre re-
connaissance.
   — Le 4, à midi, a eu lieu, à la Sorbonne l'ouverture de la
réunion annuelle des Sociétés savantes des départements. Le
7, H, le ministre de l'Instruction publique a clos la séance,
avec le cérémonial accoutumé, après avoir procédé à la dis-
tribution des récompenses.