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308                     " MADELEINE

  — Ma pauvre Madeleine, il faut cependant se soumettre
à ce qui est absolument nécessaire.
  — Je ne m'y déciderai jamais !
  —Madeleine; ma chère Madeleine! vous me désolez! Ne
vous laissez pas égarer ainsi par les élans de votre cœur
généreux; réfléchissez, mon amie.
  — Mon Dieu ! mon Dieu !— fit-elle avec déchirement,
en tournant ses regards vers les deux infirmes endormis
 dans leurs fauteuils.
    — Ne m'aimez-vous donc pas, Madeleine ? — dit
 Albert en serrant dans ses mains celles de la jeune
 femme.
    L'infortunée ne répondit que par un torrent de larmes.
    Albert Dupart essaya, par tous les moyens possibles,
 de changer sa résolution ; il lui fit entendres de douces
 paroles de tendresse ; il lui expliqua cent fois leur posi-
 tion, entra dans les détails de l'existence future de ses
 parents, fut tour à tour éloquent et suppliant, et ne la
 quitta qu'après lui avoir prodigué mille noms affec-
tueux .
    Madeleine l'avait laissé parler sans l'interrompre.
    Restée seule, elle appuya sa tête dans ses mains, et
 demeura ainsi plongée dans ses pensées durant la nuit
 entière.
    Hélas ! le tardif bonheur, qui était venu un instant
 briller sur sa vie, s'enfuyait ! Les rêves, ces amis de
toutes les âmes jeunes, n'étaient revenus que pour s'éva-
nouir bientôt!
    Lorsque Madeleine aperçut les premières lueurs du
jour, elle tressaillit, et, pâle, tremblante de froid etd'émo-
tion, elle écrivit la lettre suivante :
    « Mon ami, pardonnez-moi ! Je dois rester auprès de
mon père et de ma mère. Ils ont par trop besoin de mes