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MADELEINE 303 dans ces fleurs aux sombres couleurs, quelque chose qui, ce soir-là , s'alliait harmonieusement avec la beauté de la nature. Albert Dupart fut frappé de cette espèce de transfor- mation qui semblait s'être opérée chez son amie. Il s'arrêta d'abord, surpris à la vue de cette apparition inattendue, puis s'avança de nouveau, les yeux toujours fixés sur elle, Ce regard déconcerta sans doute la pauvre fille, car, lorsque M. Dupart l'aborda, le plus vif incarnat animait son teint. Leur entrevue se ressentit nécessairement de l'impres- sion qui les dominait l'un et l'autre. Une gêne, qu'ils ne s'expliquaient pas, apporta dans leur conversation, ordinai- rement facile et suivie, un trouble et un décousu qui les mirent fort mal à l'aise. A différentes reprises, Albert essaya de surmonter cette espèce d'émotion qui paralysait sa verve habituelle. Il ne put y parvenir ; et quand il quitta Madeleine, son agitation était telle qu'il ne comprenait rien à tout ce qui venait de se passer. Durant les heures qui suivirent, M"9 Verneuil, .sans chercher ou plutôt sans oser interroger son cœur, se demanda bien souvent qu'elle pouvait être la cause de l'étrange disposition d'esprit qu'avait montrée M. Dupart? C'était la première fois quelle remarquait chez lui ce genre d'humeur, si peu en rapport avec le caractère qu'elle lui connaissait. Elle s'en inquiétait et était impa- tiente d'arriver au lendemain pour être rassurée à cet égard. Albert Dupart, rentré chez lui, finit par se calmer. Seul avec lui-même, il ne tarda pas à voir clair dans la nature des sentiments qu'il éprouvait pour Madeleine. Ce qu'il avait jusqu'ici nommé sympathie, il l'appelait maintenant