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                    MADAME D'ORGEVAL                   289

Il l'atteint sur les bords du Rhône, le surprend, l'attaque
et le frappe, puis,, épouvanté de son crime, il s'enfuit en
se faisant horreur.
   Il gravit les flancs du Colombier, s'enfonce dans les
forêts, et se présente devant les murs de la Chartreuse
d'Arvières dont la porte lui est ouverte. Il se réfugie
dans l'église et s'évanouit ; il tombe et le bruit de ses
armes retentit sous les sombres voûtes. Le père abbé
accourt, le relève, le console et comme expiation, ac-
cepte de le recevoir au nombre de ses religieux.
   Cependant le bruit du crime' se répand dans la Savoie
et parvient à la cour de Chambéry. Marie, folle de
douleur, tombe dangereusement malade. Quand elle
revient à elle, du consentement de la duchesse, elle
quitte la cour et se réfugie au château de Vongnes., son
héritage, où dans la solitude et l'exercice des bonnes
œuvres, elle vit tristement comme une véritable veuve
 en songeant à celui qu'elle a tant aimé.
    Ici, l'auteur ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil
 sur sa propre vie et de nous peindre à grands traits le
 Vongnes actuel;

    « Vongnes, nom chéri qui fait battre mon cœur! douce
demeure de mon père, où s'est abritée mon enfance, où
j'ai connu les noms d'épouse et de mère, les tendres liens
 de l'amitié, où coule mon âge mur, je te salue. Que d'heu-
 reux jours passés sotis tes ombrages! que ton souvenir a
 eu pour moi de charmes dans de lointains voyages ! Au-
jourd'hui, je te consacre un de ces récits historiques que
j'aime tant à écrire, et je redis, dans Marie de Savoie, la
 vieille légende sur une princesse de cette illustre maison
 qui habita deux ans ton antique manoir, où se retrouve
 encore le blason de son héroïne !
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