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                           A UNE DAME
                 QUI SB REFUSAIT A ME LIRE SES VERS

               Pourquoi toujours vous en défendre ?
               Quand Dieu vous a donné le la, (1)
               Pourquoi ne pas le faire entendre
               A qui souvent vous en pria,
    Et qui, tout vieux qu'il est, n'est pas sourd pour cela !
              Ainsi que le dragon fidèle,
              Des fabuleuses pommes d'or,
          Pourquoi des biens que votre esprit recèle.
    Pour vous seule garder le précieux trésor ?
    Il est bon d'être riche, il est mal d'être avare :
              Au pauvre qui vous tend la main
              Refuser l'aumône est barbare
              S'il ne demande que son pain.
    Quand un ange du ciel mit au front du poète
              La flamme qui le fait si beau.
   Il ne lui permit pas d'emprisonner sa tête
              Sous un sombre et pesant boisseau.
   Ce n'est pas pour lui seul que cette flamme solaire,
   Comme la lampe sainte au fond du sanctuaire,
   Comme le phare assis sur un rocher lointain,
   Elle élève nos yeux des brumes de la terre
   Aux célestes clartés de l'éternelle sphère ;
   Elle conduit nos pas dans notre obscur chemin ;
             Ou si la vie est trop amère,
   Elle enchante nos cœurs de son rayon divin.

    (1) Il a le la, disaient-ils en parlant de celui qui était doué de la poésie
du cœur et de l'esprit... Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'observant de quels
hommes ils tenaient ce propos, je trouvais toujours que ces hommes
avaient quelque étendue dans l'esprit, quelque chaleur dans l'âme ou
quelque générosité dans le cœur... .. Oui, ce la et les plus nobles qua-
lités de l'âme se donnent la main.
   TROPFFER.—Menus propos, p. 26.