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                    ÉTUDES   ÉTYMOLOGIQUES                221

 cette branche des connaissances humaines, complément
 indispensable de la philologie, de l'histoire et de la géo-
 graphie.
   Il nous reste maintenant à expliquer la déformation du
mot Triguncius ou Trigoncius. Ce mot serait, selon nous,
une variante de trigonius, trigonus, trigonium, trigo-
num, trigon. Tousse retrouvent avec leurs acceptions par-
ticulières dans les glossaires où l'on a recueilli les mots en
usage dans la basse ou dans la mauvaise latinité.
   Il est à supposer que le notaire rédacteur de la charte
de 932 a subi l'influence d'une prononciation ayant cours
de son temps, et que, en écrivant Triguncius au lieu de
 Trigonius, et en y ajoutant un c, il n'a fait qu'accuser la
force et l'ampleur qu'on donnait alors à l'articulation finale
de ce mot.
   Que de plus, "le peuple lyonnais a, de bonne heure, ré-
pudié la désinence tus, étrangère au génie de sa langue ;
que de plus encore, amoureux de l'euphonie, il a suppri-
mé la gutturale intermédiaire g ; et qu'alors,, en vertu de
cette double mutilation, Triguncius est devenu d'abord
Trigon, puis Trionz, puis encore Trions, puis enfin
Trion.
   D'après ces textes originaux et les réflexions qu'ils
nous ont suggérées, nous sommes loin et de l'arc de
triomphe, et du triumvir, et des trois voies, et des trois
fontaines, et de la réunion des trois lignes d'aqueducs,
interprétations consacrées jusqu'à ce jour et chères à tous
les Lyonnais.
   Comme nous tenons à justifier ce que nous venons de
dire au sujet de ces supressions de désinences et de lettres
gutturales fortement articulées, nous citerons, entre des
milliers d'exemples, ceux qui nous semblent les plus ca-
ractéristiques ; ils sont pris dans notre propre contrée.