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190 RAPPORT SUR M.CANAT DE CHIZY dans un acte et donne un soufflet à l'un d'eux, au plus jeune sans doute : « Qui etiam a pâtre, ob causam mémo- rise, colaphum suscepit. » Un autre signataire, plus récal- citrant reçoit aussi un soufflet immodéré dont il demande la raison qui lui est immédiatement donnée. « Tu es plus jeune que moi, répond Humfroy, tu me survivras et seras peut-être appelé à renouveler ton témoignage. » On allait môme parfois plus loin : un chevalier du nom d'Eudes, après avoir fait signer son fils, use d'un autre moyen pour en graver le souvenir dans sa mémoire. « Signum Vuillelmi pueri cui Odo, pater suus, ad mémo- riam hujus testimonii, torsit aurem. » Qu'on me permette maintenant, ajoute l'auteur, de sortir de la gravité diplomatique du sujet, et de finir par quelques rapprochements destinés à montrer que ces pratiques de mnémotechnie familière se sont perpétuées et n'ont pas complètement disparu de nos mœurs. Ben- venuto Cellini raconte dans ses Mémoires les rigoureux traitements auxquels son père le soumettait dans des cas semblables. « Aujourd'hui encore une mère, après avoir fustigé son enfant, lui dit volontiers : « tu t'en souviendras. » « Elle traduit ainsi sans s'en douter le nequando tradetur oblivioni de la charte d'Autun. Quand un homme fait une chose à regret, ou qu'il hésite à la faire, nous di- sons qu'il se fait tirer l'oreille. « N'est-ce pas là le torsit aurem de la charte de Dijon ? Ceux qui se servent de ce vieux dicton sont loin de soup- çonner l'antiquité de son origine ». J'en ai fini, je crois, avec les œuvres que vous pré- sente M. Canat de Chizy. Toutefois, laissez-moi cepen- dant, Messieurs, vous en citer une que je regarde comme le couronnement de ses .travaux scientifiques ; c'est son