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164 POÉSIE Comment donc peuvent-ils, d'un front audacieux, Elever, impudents, leurs regards vers les cieux"! Si la terre est pour eux la demeure dernière Pourquoi n'y tiennent-ils constamment leur paupière ? Hélas 1 serait-il vrai qu'au milieu des tourments Qui se mêlent sans cesse à nos enivrements, Quand on voit, tous les jours, souffrant de l'injustice, La vertu se voiler au triomphe du vice, Quand le cœur abreuvé de trop d'iniquité. En appelle, en pleurant, à la divinité, Ils n'ont pour soulager leur poitrine oppressée, Pas un cri d'espérance et pas une pensée ! Aux criminels qu'enferme une noire prison, Il reste la lueur filtrant lie l'horizon, Mais pour eux, ici bas, l'existence est murée Sans qu'un rayon d'en haut glisse par une entrée ! Pourtant, quoique assez forts pour s'affranchir de Dieu, On les entend, hélas ! le nommer en tout lieu, Et toujours en fureur, se démentant eux-mêmes, Cracher avec leur fiel de révoltants blasphèmes, Comme s'il leur était possible, à chaque pas, De prendre pour témoin ce qui n'existe pas ! Insultant les croyants par ce stérile outrage, Il semble que sur eux en épuisant leur rage, Ils vont ainsi couverts d'un glorieux honneur, Par leurs afflictions se donner le bonheur ! Eh 1 bien, nous qui suivons des doctrines contraires, Dans leurs égarements, voyant encor des frères, Nous venons, Dieu clément qui peux les ramener, Te prier, comme nous, aussi de pardonner ! AUGUSTE VETTARD. Lyon, novembre 187G.