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                         CHRONIQUE LOCALE                           159
admirent, tandis qu'une musique nombreuse et bien nourrie se fait
entendre comme au bal et que les rafraîchissements circulent comme
dans les meilleurs salons. La nuit, une illumination féerique prête son
charme à ces fêtes d'un nouveau genre. Les mères de famille n'y
mènent pas leurs filles ; les gens comme il faut y brillent par leur ab-
sence, et eependant, quelle foule ! quelle cohue ! adieu aux bals et
aux concerts. Adieu au modeste vaudeville de Scribe ou de Bayard ;
adieu àl'opéra grand ou petit, à Bertram, à Fernand et à Guillaume
Tell. La trompette et le cornet à piston avaient tué la flûte : les or-
chestres de cent musiciens avaient remplacé les concerts de société ;
les bals du Casino et de l'Alcazar avaient éclipsé les sauteries des jeu-
nes gens et des jeunes filles qui jadis s'amusaient naïvement aux accords
d'un maigre piano ; aujourd'hui, tout cela disparaît devant les glissa-
des hardies du Skating-Rink.
    Lajeunesse court au patin à roulettes et quant aux jeunes filles de
bonne maison qui n'ont pas les grâces de la Coraoudela Brindisi, elles
peuvent se faire religieuses, si cela leur confient, mais certainement
ce ne sont pas elles qui désormais feront tourner les têtes et moisson-
neront les cœurs.
    Et c'est ce que nous pensions pendant que M. le délégué de la Fé-
dération britannique nous iavitail à la pose d'une petite pierre pour
l!endiguement de cette marée montante qui coupe la société en deux
mondes étrangers l'un à l'autre.
    — Grâce à la générosité de M. Emile Guimet, qui ne compte pas
quand il s'agit de Lyon, nous aurons, au retour de l'éminent voya-
geur, en ce moment au Japon, une école Chinoise et Japonaise dans
notre ville. Les rapports de notre commerce avec l'extrême Orient don-
neront un grand prix à cette nouvelle création. Les livres, les manus-
crits, les collections dont M. Guimet annonce l'arrivée seront à eux
seuls déjà une richesse, unecuriosité et surtout une source d'études
que nos jeunes concitoyens sauront apprécier.
    — Par arrêté de M. le préfet du Rhône, du 8 février, M. Aimé Gros
a été nommé directeur de nos deux Théâtres, avec une subvention de
144,000 francs.
    — Les chiffres officiels du recensement de Lyon sont connus. Les
voici par arrondissement: 1er arrondissement, e 60.301 ; — 2e 70,425 ;
— 3=78,013; —4" 34,916; —5° 51,899;—6 46,281; total : 342,815
habitants, disséminés dans quinze mille quatre cent dix-sept maisons
et 109,805 ménages.
    Le recensement de 1872 avait donné 323,417 individus. La popu-
lation s'est donc accrue de 19,398 habitants.
    — L'offre faite par M. Bidel d'organiser un jardin zoologique au
Parc de la Tête-d'Or a reçu le plus sympathique accueil, et nul doute que
la proposition n'eut étéacceptée d'emblée, si l'habile directeur n'eut
demandé 600,000francs à la ville pour lui construire un établissement
convenable, le droit de pêche dans le lac, une diminution dans le
prix du Gaz et des Eaux, le droit de percevoir une somme sur chaque
\isiteur, la suppression du droit des pauvres, la propriété de tous les
animaux nés et à naître dans les cages, la liberté de faire le commerce
des animaux, enfin l'autorisation de donner désuètes zoologiques
payantes quand cela lui conviendrait, surtout sans concurrence d'au-
cune espèce. M. Bidel n'en demandait pas davantage. La ville enchan-
tée a désiré cependant y réfléchir.
  v
   «— Le 10 février, ont commencé les travaux pour l'installation de la