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                        SALON DE 1877                       U5
nation, que le goût et l'esprit public parviennent à se f ormer_
Spécialement, ce n'est que par l'intérêt et la variété des expo-
sitions locales, que les peintres de province pourront sortir de
l'obscurité qui les écrase, se frayer une route vers la répu-
tation et consacrer au développement de l'art leur parcelle de
génie.
   Il est juste de faire à nos hôtes les honneurs de la réception
 et de commencer par eux cette courte revue du Salon de 1877.
    De M. Willemacher à M. Clairin, la distance n'est pas
 grande, du moins quant au sujet. Le premier nous montre
les Turcs envahissant l'église de Sainte-Sophie, en 1453. La
 foule des fidèles s'enfuit en désordre, tandis qu'un pasteur,
 debout sur les degrés de l'autel, implore le secours de Dieu.
 Cette composition n'inspire point toute l'horreur qu'elle
 semble comporter. On voit bien quelques Turcs dans l'ombre,
 mais ils occupent sur la toile une place trop secondaire. Cette
 réserve faite, le tableau de M. "Willemacher est une œuvre
  habile et consciencieuse. Toutes les figures du premier plan
  sont bien groupées et bien vivantes, et la sobriété du coloris
  n'ôte rien à l'intérêt de l'ensemble.
     M. Georges Clairin nous fait assister à l'Entrée du Schérif
  de Oussan dans une mosquée. Voilà bien le soleil d'Afrique,
  es tons éclatants, les Arabes d'Henri Regnault ; outre la ri-
  chesse de palette déployée dans cette œuvre, on ne peut s'em-
  pêcher d'admirer la porte de la mosquée, ouvragée, revêtue
  de faïence et de mosaïques, et ornée d'un grillage en ara-
  besques.
     Les toiles précieuses de M. Pasini miroitent commedes écrins
  de gemme. Nul ne poussera plus loin que lui le minutieux
  des étoffes orientales, des bassins de porphyre et d'onyx. Le
  Marché près d'une fontaine à Constantinople, est un tour de
  force et d'adresse qu'on ne saurait étudier de trop près.
     Le triomphe du trompe-l'œil appartient à M. Ferdinand
  Roybet, cet autre Desgoffes parisien. Le tableau de cet artiste
  que notre Salon a la faveur de posséder, représente un pêle-
  mêle d'armes ciselées, de casques étincelants, de riches bibe-
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