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134                 LE I.AC DE PALADMJ

fauteuils. Le lac de Paladru est leur cauchemar, leur
terreur
  Mais avant de savoir ce qu'il est, voyons ce qu'on en
dit.
  D'après M. Vallier, qui est dauphinois, c'est-à-dire un
homme à qui on n'en conte pas, ce serait à lui qu'on
devrait la mort du curé d'Ars.
   — Du curé d'Ars ?
    — De lui-même. Ce prêtre vénérable, ce saint, dont le
 nom est connu de toute la chrétienté, aurait été englouti
 dans le lac lui et tous ses paroissiens. Depuis lors, quand
 il célèbre l'office divin, il appelle ses fidèles au son
 de cloches qui retentissent, à tous lés coins, au fond du
lac, et M. Vallier n'est pas le seul qui les ait entendues.
Tous les historiens du Dauphiné ont, comme lui, prêté
l'oreille, et déclaré que cela sonne, rien n'est plus vrai ;
seulement, on prétend que ces cloches ne sont pas des
cloches de métal comme celles qui sont généralement
admises dans les clochers. Le curé d'Ars les a rempla-
cées par des grenouilles qui ont la même voix, produisent
le même son et ont l'avantage de pouvoir se passer de
sonneurs.
   Ajoutons qu'elles tiennent peu de place, vivent sous
l'eau et ne sont jamais fêlées.
    On prétend même que plusieurs ecclésiastiques sont
venus demander si on pourrait se procurer de ces batra-
ciens sonnants, leurs paroisses étant pauvres et la maison
Guillet faisant payer ses produits un prix fou?
   La preuve que tout cela est arrivé, on voit encore,
d'après M. Vallier, les échalas de la paroisse couchés
tout de leur long au fond du lac. Seulement on n'y fait
plus de vin.