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CAILHAVA 101 veau fauve ou en maroquin pour les livres les plus précieux ; les peaux en sont très-écrasées. Le dos, presque toujours sans ornement, est à cinq ou six nerfs ; la garde qui recouvre la reliure intérieurement est ordinairement en vélin. Le corps d'ouvrage ne manque pas de soli- diié. On trouve, au commencement et à la fin du volume, quatre, cinq, et même six feuillets de garde, dont le troisième est en vélin. Des ornements variés, d'un goût toujours très-pur et très-délioat, enri- chissent les deux plats du volume. Il y a beaucoup de finesse et d'art dans la manière dont s'ajustent et s'entrelacent ces compartiments nombreux, tantôt or et noirs, tantôt verts, noirs et or, sur fond brun, mais plus volontiers à ornements très-variés en or, avec filets et en- roulements de même sur fond vert. Tous ces compartiments, tous ces dessins, s'agencent avec une grâce infinie, sans jamais se contrarier les uns les autres. Les compartiments sont toujours combinés de manière à former, au milieu de chaque plat du volume, soit un carré, soit un losange, soit un écusson. C'est là que se trouvent inscrits, sur le plat recto, le titre de l'ouvrage; sur le verso, cette devise favorite de Jean Grolier : Portio mea, Domine, sit in terra viventium. Au bas du plat reoto, généralement entre les filets qui forment encadrement, on lit : lo Grolierii et amicorum. Le titre, le nom et la devise sont toujours imprimés avec des lettres d'or, en beaux caractères romains, que le trésorier des finances avait fait faire à son usage. » M. Le Roux de Lincy estime que ces lettres sont celles que fit, vers 1523, le célèbre Geoffroi Tory, peintre, graveur et imprimeur royal, sous François I " , pour le trésorier Grolier, « amateur de bonnes lettres et de tous les personnages savants. » Raoul de Cazenove, loco cilato. «Le trésorier de Milan, comme on l'appela longtemps, était des mieux préparés au commerce des lettrés italiens. Ceus-ei admi- raient en' lui la réunion des plus rares qualités de l'esprit, et éprou- vèrent plus d'une fois les généreuses qualités de son cœur. — Pendant cinquante ans, dit Pernetti, Grolier fut regardé comme le Mécène uni- versel. — Aussi ne s'étonne-t-on plus de ce concert d'éloges et de ces dédicaces si nombreuses, qu'Erasme a pu dire que le nom de Grolier se trouvait à la tête de tous les livres qu'on imprimait de son temps. » Raoul de Cazenove, loco citato. On sait que M- Coste avait, dans sa splendide bibliothèque, onze volumes de Grolier, c'est-à -dire trois fois plus que la ville de Lyon