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16 L'ABBÉ PERRIN Dès l'aube apparaîtront les valets du bourreau ; Gendarmes et soldats, le sanglant tombereau ; Et l'astre aura des feux pour cette horrible scène !... Le patient expire !... on a brisé sa chaîne ! ! Alors Perrin descend de ce fatal tréteau ; S'achemine, attristé, vers le sombre château. Il prie, et sa pensée abandonne la terre ; Un doute l'assombrit, et plus tard, il espère !... Sa mission sublime eut des jours désolés ; Episodes cruels, jugements signalés. Un arrêt l'accabla d'une douleur immense : La Cour devait sévir; mais user de clémence. Le coupable était jeune, orgueilleux, imprudent ; Et son acte enfantin, puéril incident, Fut jugé criminel!... L'austère aréopage Traça dans notre histoire une affligeante page ! L'infortuné Dumont, muni d'un pistolet (1), Sans charge et sans gâchette, instrument incomplet, Voulut intimider un ecclésiastique ; Il présenta son arme!... Action fantastique, Le vouant à la mort !... Il se voit condamné I Mais, par un sentiment cruel, passionné, Dumont devait mourir sous les yeux de sa mère ! Elle vit ces apprêts, l'appareil funéraire, Perrin près de son fils, et lui montrant les cieux ! Puis le dernier baiser, les éternels adieux !... Alors, elle tomba rigide et sans parole!... En reprenant ses sens, cette mère était folle I ! ! Le noble et saint martyr, fécond en charité, Dédaigna le prestige et la célébrité. (1) Dsmont, âgé de dix-sept ans, fut condamné à mort par la Cour prévôtale.