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12 L'ABBÉ PERRIN Sentinelle épiant dehors, Au-dedans police excessive, Des guichetiers aux corridors, Porte de fer basse et massive. Utile et honteux bâtiment, Qui soumet et gâte la vie, Tu ne sers que de châtiment A la fureur inassouvie !... L'élu choisi de Dieu, l'angélique pasteur, Entre le ciel et l'homme, heureux médiateur, Perrin veut convertir. Son pouvoir se révèle ; Il va régénérer sa famille nouvelle. Ses paroles de paix, ses préceptes pieux Sont, pour les prisonniers, un rhythme harmonieux. Il dit comme le Christ : a la vie est passagère ; Vous êtes fils de Dieu; moi, je suis votre frère; Et la famille humaine, en ses nombreux rameaux, A le même devoir, des cités aux hameaux. Soyez justes et bons, pardonnez les injures ; Vivez sans devenir faussaires ou parjures ; L'amour de son prochain, noble aspiration, Est, d'un cœur élevé, la sainte affection. »... Hélas ! le bon abbé, que rien ne décourage, Voudrait faire des saints de ce triste entourage. ; 11 peut les attendrir; mais, parmi des méchants, Quelques-uns sont formés d'indomptables penchants. Un jour qu'il achevait sa ronde régulière, Une main lui ravit sa pauvre tabatière ; Valait-elle dix sous? Cette indigne action Entraîna l'aumônier à la séduction : « Mes enfants, leur dit-il, nous avons un coupable; L'un de vous m'a volé. Cet acte est fort blâmable ; Pourtant ne nommez pas l'auteur de ce méfait ; Je tiens à le punir par un léger bienfait. Les pauvres sont nombreux ; voici toute ma bourse ;