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L'ABBÉ PERRIN 7 Stigmate humiliant pour nos flères annales ! A ce pouvoir impie, amas de déhontés, Furent joints des pasteurs : prêtres assermentés. Perrin se révolta contre un ordre hérétique, Et sut se préserver de leur serment civique. Il fit à sa famille un déchirant adieu, Sans l'espoir d'un retour qui dépendait de Dieu, Et s'enfuit à Lyon, le cœur plein d'amertume, (1) Pratiquant les sentiers, sous un pauvre costume. Il y trouva son frère, heureux de l'accueillir, (2) Dans l'horrible danger qui venait l'assaillir. Mais le nom de Rimper, innocent arragramme, Put préserver Perrin des crimes du grand drame. Vêtu comme un laïque, en simple exportateur, Il a le passe-port d'un commis voyageur, Et s'apprête à l'exil, pleurant sur sa patrie, En proie au vandalisme, oppressée et flétrie ! Il partit pour la Suisse, asile officieux, Ouvert à nos proscrits, fuyant les factieux. Au Pont de Beauvoisin, limite de frontière, On retient la voiture, et d'une voix altière, Un douanier l'oblige à montrer ses effets, Le traite de fuyard, l'accuse de méfaits. L'abbé, dans ce péril, eut assez d'assurance. Cette valise, hélas ! de chétive apparence, Contenait des souliers, la pairejie]rasoirs, Un peu de linge mûr, quelques vêtements noirs. Pendant qu'il exhibait, _une à une, ses hardes, Et se tenait baissé, près du poste des gardes, Un volontaire accourt ; et, sans aucun remord, S'approche de Perrin, le menaçant de mort ! (1) Il vint à Lyon dans les derniers jours de septembre 1792. (2) Perrin se cacha chez son frère, qui était en relation avec des personnes influentes.