page suivante »
W2 LE DOCTEUR CHKKV1N. fortune qu'il aspirait : il ne trouva dans ce lucre hono- rablement acquis que le moyen de poursuivre son œu- vre. Douces joies de la famille et du foyer, jouissances du cœur, vous n'êtes rien pour lui; sa vie a un autre but : il y marche, il y court; aucune distraction ne peut l'écar- ter de sa route. Partout où la fièvre jaune éclate, Cher- vin arrive pour l'étudier; il emploie huit années consécuti- ves à cette pénible investigation. Tous les lieux visités par le fléau sont visités par l'homme qui s'est voué à l'ob- server. Il parcourt ainsi, dans celle période de sa vie, un espace embrassant trente-sept degrés de latitude, toutes les possessions des puissances européennes , tant dans la Guyane et les Antilles que sur le littoral des États-Unis de l'Amérique du Nord, depuis la Louisiane jusqu'à Port- land, dans l'Étal du Maine. Tous les moments qu'il ne donne pas à ceux qui souffrent, il les emploie à l'étude de la ma- ladie. Combien de fois, au milieu de ces épidémies meur- trières, s'est-il enfermé dans des villes où il était le seul qui pouvait en sortir et qui voulût y rester ? Combien de fois, dans ces voyages hasardeux, son silence n'a-t-il pas effrayé ses amis. Pendant qu'il était à Savannah, le bruit de sa mort arriva à la Nouvelle-Orléans ; son éloge funèbre fut prononcé à la Société de médecine de celte ville; publié dans les journaux, il parvint jusqu'à nous. Lui, cependant, tandis que l'on déplore le sort funeste d'un martyr de la science, tout préoccupé de son œuvre continue à recueillir une immensité d'observations particulières, tant personnelles que communi- quées par les médecins les plus respectables, et qui doi- vent jeter un jour nouveau sur l'origine, les causes, la na- ture et tous les divers points de l'histoire de la Gèvre jaune, ainsi que sur la topographie médicale des lieux qu'elle ra- vage. Tous ces documents, il les fait revêtir des formes les plus authentiqua, pour prévenir toute contestation sur les