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             RESTAURATION DU TABLEAU DU PÉKUGIN-                    453
   prendre que cet artiste pour lui confier une opération si délicate et
   si importante. M. Mortemarse mit doue à l'œuvre; par de procédés
   aussi sûrs qu'ingénieux, et qu'il serait trop long de raconter en
   détail, il parvint à si bien enlever le bois qu'il ne lui restât plus
   qu'une immense feuille de peinture à l'huile mince comme une
, pelure d'oignon; le côté de cette peinture qui adhérait au bois
   étant mis à découvert, laissa voir le trait à la plume et les pre-
   miers coups de pinceau que le Perugin donna, lorsqu'il commença ce
   beau tableau. Par d'autres procédés il parvintà recoller cette pein-
   ture d'une manière très ferme, très adhérente sur une toile neuve,
  solide, et bien préparée pour en assurer la durée. Là se terminait sa
  mission, mais tant s'en fallait cependant que l'opération fût arrivée
  à son terme. En effet, lorsque la peinture fut entièrement fixée sur
  sa nouvelle toile, on vit paraître en blanc et traversant les figures,
  non seulement toutes les fentes du bois, mais encore des milliers de
  petits trous faits par les vers. Déplus, et cela était bien pire et
  bien plus laid encore, on vit apparaître, en larges taches noires
  ou brunes, toutes les retouches qu'à une époque ignorée de nous
  une rnain barbare avait faites sur les parties dégradées de la pein-
  ture. Je dis une main barbare, car, là où il n'y avait que des peti-
  tes écailles enlevées et quelques picotements, le restaurateur avait
  peint à pleine pâte, et, pour raccorder ses tons avec ceux du ta-
 bleau, il les avait peu à peu étendus outre mesure, et avait fini par
 substituer son œuvre à celle du maître. Ce fut alors, seulement,
 que l'on eut l'explication de ces parties faibles et indignes du Pe-
 rugin que l'on ne pouvait comprendre dans l'ignorance où l'on
 était des retouches que le tableau avait déjà eu à subir. L'opération
 du collage de la peinture sur la nouvelle toile pour la réussite de
 laquelle on emploie un fer chaud qu'on promène fortement par-
 tout, avait, en brunissant tous les anciens repeints et en les fai-
 sant apparaître en espèce d'emplâtres, séparé l'ivraie du bon grain;
 mais ce n'était rien d'avoir constaté le mal, il fallait le faire dispa-
 raître et purger le tableau de toutes ces affreuses retouches. Il fal-
lait trouver un autre homme (car ce n'était pas l'affaire de M. Mor-
temar) assez habile pour enlever ces taches sans altérer le tableau ;
M. Terme s'adressa à Paris à la direction du Musée roval. On lui