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2i0 L* ARÈNE LYONNAISE sique suranné ; pourtant, il restait encore à Blanchard une épreuve a soutenir; elle fut terrible, mais elle fut la der- nière. Le bruit de la chute de Sans-Pareil lira Nîmes de sa non- chalance ; jusque-là celle fière cité n'avait prêté qu'une atten- tion distraite aux débals de notre scène gymnastique. Le moment était venu pour elle d'entrer dans la lice, sous peine de déchéance ; elle jugea sainement les dangers de la situa- tion, et, pour rétablir sa situation devenue contestable, ne crut pas devoir nous adresser moins que ses plus vaillants et ses plus renommés athlètes. Nîmes, la patrie des forts, Magna parens virum, possédait alors les deux plus redoutables lutteurs qui, de mémoire d'homme, eussent illustré ses arènes, les premières du monde : Mazard ! l'Achille du Midi , le roi du Cirque, Mazard, dont les innombrables prouesses ont rendu le nom populaire, du Rhône aux Pyrénées, comme celui de Wallacc en Ecosse ; Mazard, qui a son Tasse comme Tancrède ou Renaud ; Meissonnier, plus fort que Mazard ! L'arrivée des valeureux Nîmois jela dans tous les esprits une sérieuse préoccupation. Tout le monde comprenait trop bien que, dans le grave débat qui se préparait, il ne s'agissait plus d'une mesquine rivalité personnelle ; de plus hauts inté- rêts étaient en jeu. Deux grandes populations, le Nord et le Midi se trouvaient en présence : c'était Rome etCarthage! Au jour fixé pour le combat, jour à jamais mémorable ! une foule avide se pressait devant les affiches ; on ignorait encore l'adversaire choisi par Blanchard. Fidèle à sa gloire et à son courage, Blanchard avait voulu se mesurer avec Meissonnier comme le plus formidable de ses provocateurs. L'altenle du grand drame dont le dénouement approchait,