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188 ni-: LA CHUTE DE L'HOMME sans qu'elle ait tenté de sortir de cet état, elle se ranime toul-à -coup au souffle d'une énergie inconnue ? Alors, d'où lui vient l'espérance, quand elle avait perdu l'espoir? D'où lui vient le redoublement de vie. quand elle était restée sans mouvement? II s'est donc fait un change- ment dans sa liberté sans qu'elle en soit la cause? Si ce changement ne vient pas de l'homme, de qui vient-il? Qu'est-ce que les hommes appellent vulgairement un bon mouvement, et pourquoi espèrent-ils toujours en un bon mouvement? Qu'est-ce que les poètes appellent Vinspiration, et pourquoi comptent-ils toujours sur le retour de l'inspira- tion? Qu'est-ce que les penseurs appellent le trait de lumière, et pourquoi, par une constante attention, tiennent-ils leur esprit toujours prêt a recevoir le trait de lumière ? Pourquoi le courage s'appuie-t-il moins sur sa propre con- fiance, que sur la foi instinctive à un certain bonheur qui ne lui manquera pas? Tous les grands hommes n'ont-ils pas marché sur celte espèce de superstition? Et enfin, qu'est-ce que l'espérance? Sur quoi repose-(- elle? Pourquoi espèrc-t-on, alors môme qu'il ne faut plus espérer? L'espoir serail-il logique dans le malheur? Le premier homme est créé avec la vue claire de son bien et le pouvoir de l'accomplir; ses descendants, tombés de cet état normal primitif, ont perdu la vue du bien et la puissance de l'accomplir. Cependant, le premier homme quitte ce bien éternel pour le plaisir actuel ; et, parmi ses descendants, il est des sages, des héros, des martyrs qui se portent avec enthou- siasme vers ce bien qu'ils ne voient pas, non point seule- ment au mépris de tous les plaisirs qu'ils voient, mais a travers toutes les privalions et les plus horribles soutiïan-