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292           ETUDE SUR LA VIE ET SUR LES ÉCRITS

 civil ne veut pas borner son action aux affaires purement hu-
 maines, et les limifes qui séparent l'empire temporel de l'em-
pire spirituel sont si vite franchies !
    On avait pu remarquer, bien avant le VIe siècle, avec
quelle surprenante facilité les peuples barbares passaient d'une
bannière à l'autre, assez prêts à abdiquer le lendemain la foi
de la veille. Quand s'éteignit chez eux le dernier souffle d'es-
prit militaire, et que, aux approches des ténèbres envahissan-
tes, l'Eglise hérita de l'autorité cl du respect que d'autres
perdaient, les races gothiques vinrent à elle plus facilement.
C'est l'époque où l'on rencontre, dans les souscriptions des
conciles, plusieurs noms qui décèlent une origine étrangère.
La littérature se réfugiait parmi le clergé, les vertus paisi-
bles se trouvaient surtout aux monastères, et il est. aisé
de comprendre que les âmes d'élits, dans les races nouvelles,
durent s'abriter là, pour échapper à l'agilalion du monde.
    Parmi les hommes qui occupaient, en Espagne, au VIe siè-
cle, les sièges pontificaux, c'est un évoque de Séville que l'on
vit briller du plus vif éclat, et exercer le plus d'ascendant. Isi-
dore avait, en effet, ce qu'il fallait pour remplir un noble rôle,
et il sut le remplir. Ses vertus furent dignes de son savoir, et
tout cela se trouva rehaussé par la splendeur de la naissance.
Aussi l'évéque Braulion, son collègue et son contemporain,
disait—il de lui avec admiration : « Le Seigneur, après tant
de désastres de l'Espagne, l'a suscité, dans ces derniers
temps, pour restaurer, je crois, les monuments antiques,
de peur que nous ne fussions de toute part engourdis dans
la rusticité, et l'a placé comme une sorte d'appui, telle-
ment que je puis bien lui appliquer ces paroles du philo-
sophe (1) : «Nous qui errions égarés dans notre cité, comme des
étrangers, nous avons été, en quelque façon, ramenés au logis

  (a) Cieer. Acail. Quœsl. lil>. I.