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                     LE DOCTEUR CHERVIN.                     443

sources dont ils émanent. Il pousse môme plus loin ses
précautions , pour se prémunir contre les éventualités de
voyages aussi longs que périlleux ; il se fait délivrer des du-
plicata de toutes ces pièces, visés et certifiés par les autori-
tés locales et par les agents consulaires. Dans cette longue
pérégrination, il ne laisse, dans tous les lieux qu'il visite,
que des souvenirs honorables pour la médecine française et
pour celui qui la représente. On y parle encore de son hu-
manité, de son désintéressement, de l'abnégation constante
de lui-même qu'il montra toujours. Tous les médecins ,
tous les savants avec lesquels il s'est mis en relation, et
dont quelques-uns même diffèrent encore d'opinion avec lui,
proclament son nom avec éloge, et rendent justice à la sé-
vère impartialité avec laquelle il accueillit tous les faits fa-
vorables ou contraires à sa conviction.
   Quoique préoccupé d'un travail exclusif, il ne néglige pas,
dans les moments de Irève qu'il lui laisse, d'étudier quelques
autres maladies qui se rencontrent surtout dans les régions
intertropicales : ainsi, la lèpre, l'éléphantiasis, le pian, sont
l'objet de ses observations. Il recueille sur ces affections di-
verses, des faits, des matériaux, qu'il se propose d'utiliser
plus tard.
   Jusque-là, Chervin n'avait étudié la fièvre jaune que dans le
foyer où elle est née, dans le Nouveau-Monde; en 1824, il re-
vient en Europe, et, avant de livrer à l'appréciation du monde
savant les documents qu'il rapporte, il veut les compléter et
y joindre tous ceux qu'il pourra recueillir, en visitant toutes
les parties de ce continent où elle a été, dit-on, impor-
tée à diverses époques. Il tenait à vérifier les prétendus faits
de contagion empruntés aux épidémies d'Espagne, et surtout
de Barcelone. La guerre civile désolait la Péninsule; la
France allait jeter une armée contre le gouvernement des
Corlès : le voyage de Chervin devenait dangereux el difficile :