Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                 LOUIS XIV A MOLIÈRE.                        401
Nourrit sans cesse et lâche une meute d'agents
A la piste du crime et des mauvaises gens;
Et même ces limiers, trop souvent sans contrôle,
Au mot le moins suspect faisant jouer un rôle.
Le rapportent coupable au ministre en crédit,
Et la Bastille est là !... c'est bien, sans contredit...
Mais, de l'autorité quel plus bel apanage,
Si ses deniers soldaient un noble espionnage
Pour flairer les talents aux fronts obscurs échus,
Et, sous les maux humains, les demi-dieux déchus !
Et dénoncer au roi, justice expiatoire,
Ces tortures des arts, cette éternelle histoire,
Qu'un nuage d'oubli comme un linceul revêt,
Et qui ne seraient plus : si le roi le savait !

Voilà ce qui troublait Molière au fond de Pâme,
Voilà ce qu'avec force il appelle et réclame ;
Car il en reviendrait, dans la postérité.
Une gloire de plus à votre Majesté!



               RÉPONSE DE LOUIS XIV.


Vraiment la cause est belle. — En serait-il de laides,
Alceste Poquelin, quand c'est toi qui les plaides? —
Mais tu grandis par trop mon cercle de devoir :
Le roi, tout haut qu'il est, n'est pas Dieu. —Son pouvoir,
Avant de s'annoncer, mesure les obstacles.
Il n'a pas la science et le don des miracles...
A moins que, dans la plaine où Mars fait le succès,
Il ne conduise au feu trente mille Français !

Du temple social, qu'abritent les couronnes,
Si les lois sont les murs, les arts sont les colonnes.