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I)K LA VILLE J>E LYON. 325 ment, l'œuvre de vandalisme et d'impiété est accomplie et le double scandale pour la religion et pour l'art chrétien s'est produit au grand jour. On n'a reculé devant aucun obstacle moral ; on n'a tenu nul compte de la voix d'un peuple qui demandait une paroisse, des artistes qui invoquaient miséri- corde pour une des plus délicieuses et plus frêles épreuves de l'architecture du moyen-ûge, des prêtres qui réclamaient un sanctuaire vide; on n'a pas craint de froisser jusqu'aux en- trailles toute une population paisible et laborieuse, plus qu'aucune autre, peut-être, éprise de ses touchants souvenirs et de ses pieuses traditions. — Oh! que les hommes qui, du haut de Paris, ont décidé en un trait de plume, du sort de {'Observance, connaissent peu l'esprit public de la province ! Pouvaient-ils blesser au cœur le vénérable clergé de Lyon, par un temple sur lequel il eût le plus de légitimes droits de compter, pour étendre son influence pastorale ; les artistes lyonnais, par un monument qui leur fût plus cher et plus précieux comme objet constant d'amour, d'études, de compa- raison ; la douce et intime piété du peuple lyonnais enfin, par une église plus populaire et qui fût pour lui une plus touchanle consécration des souvenirs du bon et charitable Cléberg? — Cette chute n'a pas encore retenti assez Non, personne avant elle n'a eu le courage d'avouer ses projets, personne, après elle, n'a eu celui d'avouer sa coopération à celte déplo- rable et inique mesure. — Nous le disions, l'an dernier : « ceux qui étaient en position de déployer de la fermeté et de la résistance, ont été mous, » et l'éloquent historien de l'Observance, lui-même, celui qui, par l'autorité de son carac- tère et de sa parole, devait protester avec le plus d'énergie, s'est laissé, avec plusieurs membres de la commission d'en- quête, prendre au piège tendu par la centralisation parisienne, et a semblé concourir, sans le vouloir, à la perte du mo- nument, courbé comme sous la puissance d'une force ma-