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                DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS.                       61)
 tuel et l'élégance de style qui furent admirés, l'année dernière, à
 l'apparition de ses premiers porlraits.
    M. Jules Vibert a exposé plusieurs porlraits qui ne sont pas sans
  mérite, et une Femme jouant de la basse de viole, où il y a un
  goût merveilleux dans la couleur et l'arrangement des draperies; on
  regrette de ne pas trouver dans la tête , les bras et les mains un
  modelé un peu plus ferme ; l'effacement des phalanges est sans
 doute une qualité très digne d'estime ; la statuaire du XVIe siècle
 et les mains d'Henriette de France sont là pour témoigner ; mais
 quand on déguise la réalité, il faut la faire deviner en exagérant un
 principe supérieur à la réalité, et capable de suppléer, par le mou-
 vement et l'animation, à l'exactitude littérale des lignes et des plans ;
 ne copiez pas les saillies articulaires, mais alongez les phalanges
 que vous effacez ; assouplissez les doigts que vous ne voulez pas
 traduire mesquinement. Dans le portrait dont nous nous occupons ,
 les bras, les doigts sont mous, mais non pas souples, ils sont ar-
 rondis, mais non pas élégants. Ce jugement paraîtra peut-être sé-
 vère, mais, à notre avis, la critique ne doit frapper que quand elle
 espère ; c'est un honneur dont M. Vibert nous paraît digne ; il ne
 nous appartenait pas de l'en priver.
    Nous avons vu avec plaisir une jolie miniature de M. Auguste
 Vibert, où, si on excepte un peu de négligence dans le dessin de
l'avant-bras, tout est digne de louange.
    S'il est un genre de peinture où la convention soit quelque chose
U3 détestable, certes c'est le paysage, et c'est pourtant parmi les
paysagistes qu'elle compte le plus d'apôtres ; on aura beau être
élégant de ligne, classique dans la forme des arbres, heureux dans
le mouvement des terrains, si l'on fait un ciel outré, si l'on manque
de vérité dans le ton général, on ne fait pas un bon ouvrage; voici
M. Flandrin, par exemple, élève du système incolore, qui a créé
pour son usage une lumière n'appartenant ni au jour ni à la nuit,
qui couvre sa peinture d'un voile de poussière. Chaque atome de sa
peinture est achevé avec une minutie chinoise ; rien d'accidenté,
tout est léché, passé au blaireau jusqu'à extinction de toutes aspé-
rités; M. Flachéron, au contraire, dissèque, cisèle chaque feuille,
chaque brin d'herbe, et jette sur le tout une lumière dure et crue