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354                    MONOGRAPHIE HISTORIQUE

    En 1125, la mort de l'empereur Henri V, ne laissant pas
de successeur direct, affermit ceux qui s'étaient ainsi séparés
de l'empire ; cette mort, suivie de troubles, favorisa môme de
 nouveaux envahissements. Un siècle après, le concile de Lyon
convoqué par Innocent IV, en déposant Frédéric II, préjudicia
grandement à l'empire; les peuples, les grands et les prélats
se crurent tout à fait affranchis vis à vis de ce monarque
frappé des foudres de l'église.
   Mais cette révolution fut principalement l'œuvre d'une
organisation devenue toute puissante. L'arbre de la féodalité
avait poussé de profondes racines et des branches vigoureuses ;
il était alors dans toute l'énergie de sa sève (1). Aussi, cette
œuvre fut-elle douée d'une vitalité qui lui valut plusieurs
siècles de durée.
   Les comtes de Provence, de Forcalquier, de Valentinois,
d'Albon , de Genevois, de Maurienne se rendirent maîtres de
leurs provinces; les évéques et les abbés, des villes et des ter-
ritoires où ils résidaient. Les principaux seigneurs de la Bresse
et du Bugey se constituèrent des états indépendants, sans
prendre aucun titre de dignité, soit que, satisfaits de la réalité
du pouvoir, ils aient eu le bon esprit de ne pas s'attirer
l'animadversion des empereurs par une ambitieuse ostentation,
soit que, dans une pensée politique, ils aient dédaigné des
dignités qui émanent habituellement d'un supérieur ; ils con-
servèrent le simple titre de seigneurs des lieux où leurs manoirs
étaient situés. Et même, parle rapprochement de deux chartes
curieuses que nous reproduisons en parlant des Goligny, on
peut ajouter avec vraisemblance que quelques seigneurs, en
se constituant indépendants, cessèrent de porter le titre de
comte pour prendre celui de guerrier ou chevalier, miles.
Ont-ils voulu déclarer par là, que, n'étant plus les compa-

  ti) Montesquieu. Esprit des lois, liv. 3g, chap. r.