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LE DOCTEUR CHERVIN. 441 quinquina, jusque-là habituellement prescrit, doivent plutôt aggraver qu'amoindrir les symptômes; il y substitue avec bon- heur la méthode antiphlogislique. Ce fut une espèce de révolution qu'il opéra dans la thé- rapeutique de celle affection , et bientôt tous les médecins de la colonie se rendirent à l'évidence des résultats et s'asso- cièrent à cette heureuse pratique. Ce n'était pas assez pour Chervin : préoccupé de l'étude de la contagion, c'est à approfondir celte question qu'il con- sacre tousses soins. C'est surtout dans les pays que ravage la maladie, qu'il remarque toutes les entraves que l'idée de sa contagion apporte, non seulement dans les relations com- merciales, mais encore d'individu à individu; entraves qui blessent les lois de l'humanité et paralysent le traitement des malades, qui restent isolés dans leurs douleurs. Chervin comprit loule l'importance de la solulion de ce problème, dans le triple intérêt de l'humanité, de la science et de l'économie politique ; il comprit en même temps tou- tes les difficultés qui l'entouraient, toutes les préventions qu'il aurait à combattre, une vie entière de lutte et peut- être de déceptions; mais il eut foi dans sa force et dans son courage , et se dévoua tout entier à cette espèce d'apos- tolat. Après avoir lutté avec opiniâtreté contre le malheur d'une jeunesse inculte, doté richement son intelligence et recueilli les premiers fruits d'une instruction solide et pé- niblement acquise, Chervin va maintenant appliquer à l'idée unique à laquelle il a consacré sa vie, toutes les facultés dé- veloppées en lui par tant de labeur. Pendant dix-huit mois de pratique médicale à la Gua- deloupe, il avait réalisé une petite fortune qui lui eût as- suré, en France, une existence paisible et douce, conforme ii ses goûls simples cl modestes; mais ce n'était pas à la