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384 MONOGRAPHIE HISTORIQUE créées par le régime féodal. Ces charges imposées par de mal- heureuses nécessités, loin d'être (yranniques, tenaient à un principe d'équité et de raison. Il était juste, par exemple, de faire contribuer à la garde et à la réparation des fortifications celui qu'elles garantissaient du danger des invasions enne- mies. Le bourgeois et le manant étaient donc les continuateurs du citoyen romain, dont ils avaient conservé les lois civiles, les usages et les privilèges. A celte société étaient mêlées des familles israélites, race maudite, mais indispensable au négoce. Les juifs seuls enten- daient le commerce et lui imprimaient quelque mouvement. Encore qu'ils fussent les banquiers de l'époque, ils vivaient humbles, retirés dans un quartier à part, toujours tremblants, exposés qu'ils étaient aux injures, aux avanies, aux sévices; une fois même, comme on le verra dans un des paragraphes suivants, ils furent victimes dans notre province de la plus horrible exécution. Le pouvoir exécutif était délégué par les seigneurs à des intendants qui furent appelés châtelains. Ces officiers admi- nistraient la seigneurie, percevaient les redevances, veillaient à la garde et à l'entretien des fortifications, convoquaient le ban et l'arrière-ban, faisaient des règlements de polire et jugeaient en matière correctionnelle. Ils avaient sous eux un greffier auquel fut donné le nom de curial, et un sergent pour signifier leurs ordonnances et les faire exécuter. Nous en parlerons plus amplement aux statuts de Savoie. Au déclin de cette période, on voit poindre et s'avancer la civilisation. Les Croisades y contribuèrent beaucoup. Le cadre de notre histoire ne comporte pas cette appréciation, objet de dissertations approfondies dans divers ouvrages et notam- ment dans l'admirable introduction à l'Histoire de Charles- Quint, par Robertson. On peut y lire tout ce que nos pères Ã