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DU BUGEY. 385 demi-barbares gagnèrent au contact de la nation la plus éclairée du monde. Ces guerres religieuses eurent encore le bon effet de faire trêve aux guerres intestines. Dans notre province, les seigneurs et leurs vassaux, sous la conduite des princes de Savoie, des sires de Thoire et de Coligny, s'engagè- rent dans toutes les Croisades, et marchèrent en foule à la con- quête des lieux saints. Ils suspendirent leurs hostilités, pour combattre, réunis, sous la bannière du Christ. Notre pays respira. D'autres faits doivent encore être constatés en résumant cette période. Les trois abbés du Bugey virent leur puissance séculière décroître, s'effacer et disparaître sous les coups de l'ambition guerroyante des seigneurs. Ils furent contraints d'acheter des protections ou d'invoquer celles qui leur étaient acquises, alors que les deux principaux seigneurs ajoutaient de nou- veaux territoires à leurs petits états, les Thoire par de riches alliances, les comtes de Savoie par d'habiles négociations. Les populations qui passèrent sous la domination de ces maîtres plus puissants, gagnèrent à ce déplacement, en ce qu'elles entrèrent dans de meilleures conditions de protection, et que, le cercle des droits de péage perçus dans chaque seigneurie indépendante, s'élargissant devant elles, elles se livrèrent plus facilement au commerce qui tendait à r e - naître. Mais, de ces deux maisons souveraines, l'une parvint à une grande supériorité sur l'autre dans le Bugey. Les comtes de Savoie s'appliquaient à y étendre leur domination, alors que les sires de Thoire-Villars, en fixant leur résidence dans la Dombes, ne pouvaient, par ce changement, que perdre leur influence dans le Haut-Bugey dont ils s'étaient éloignés. Nous les verrons s'éclipser comme les Coligny, et la lutte, pour la suprématie dans notre province, s'engager entre les princes 25