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DU BUGEY. 371 du château de Cornillon ; ils ne retiennent que des banalités et redevances dans la ville de Saint-Rambert, le four, les moulins ainsi que toutes les langues et les filets des bestiaux abattus par les bouchers. De son côté, le comte Thomas, tant en son nom qu'au nom de ses successeurs, se constitue homme lige de l'abbé (1) pour la seigneurie et le château qui sont remis en sa posses- sion, clause tout à fait dérisoire ; il rend en conséquence foi et hommage et s'engage à proléger en toute circonstance l'abbaye et ses dépendances, sous peine, en cas d'inexécution de cette condition principale, d'être lui et ses états mis en in- terdit par les évoques de Maurienne et de Grenoble, dans les limites de leurs diocèses. Ces prélats et plusieurs seigneurs se déclarent garants du comte et jurent sur les livres saints l'observation de ce traité solennellement fait en l'église de Chambéry le 30 novembre 1196. Ainsi fut consommé d'un seul coup l'abaissement de cette antique abbaye , fondée sous la domination romaine et dont sept siècles avaient vu la splendeur. Dès lors elle fut en décadence, ces abbés n'étant plus que de petits seigneurs au milieu des fiefs qu'ils avaient aliénés. A la suppression des couvents, cette maison ne comptait plus que six moines vivant sans luxe sous un abbé commendataire qui ne résidait pas au lieu de son bénéfice et qui peut-être ne l'avait jamais visité. Depuis la révolution , le monastère a été démoli ; ses ruines mêmes ont entièrement disparu, moins la crypte d'une petite chapelle qu'on présume avoir été celle de Saint-Domi- tien et que le propriétaire actuel a restaurée avec un goût éclairé. Sur l'emplacement du monastère s'épanouissent les jardins d'une agréable villa, dont les ombrages couvrent les débris de l'austère maison de Domitien. (i) Et erit Cornes homo ligius abhalis.