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DU BUGEY. 361 rément on peut induire d'une telle alliance l'indépendance des anciens seigneurs de Briord ; elle indique aussi quelle était alors leur puissance. On voit encore, sur un pont, entre Mon- lagnieu et Serrières, leur écusson sculpté ; il était d'or à la bande de sable. En suivant ce littoral, nous rencontrons les belles ruines du château de Groslée sur un monticule baigné par le Rhône. L'imposante noblesse des Groslée était proverbiale dans le Bugey et dans le Dauphiné par ce mot très-usité, qu'on appli- quait aux vaniteux : On le dirait sorti d'un Groslée. Jacques de Groslée était sénéchal de Lyon en 1180; il y fonda le couvent des Cordeliers. L'un de ses descendants, aussi sénéchal, préserva les Lyonnais des troubles de la Ligue. « Ils étoient guidés, dit l'historien Rubys, par un sage che- « valier, messire lmbert de Groslée, leur gouverneur. Celle « maison de Groslée a par un long temps faict sa résidence « en celte ville de Lyon , et s'y veoit encores leur hostel en « une rue qui est appellée de leur nom. Ils avoient leurs « sépultures tout autour du grand cloislre des Cordeliers « qu'ils avoient faict bastir, comme aussi une bonne partie « de l'église du couvent, comme se recognoit par leurs ar- e moiries qui sont es vousles de la dicte église (1). » c Leur écu était gironné d'or et de sable, avec cette fière devise : Je suis Groslée ! A cette seigneurie, dont les maîtres occupaient, dès le XIIe siècle, la place la plus élevée dans la cité de Lyon, il sérail difficile d'assigner un suzerain autre que l'Empereur. D'ailleurs, les comtes de Savoie n'étaient pas, au XIe siècle, puissamment établis dans le Bugey, et les Dauphins de Viennois n'y avaient pas encore pris pied. Les Groslée nous paraissent donc devoir être rangés parmi les petits souverains de notre province. ( i ) Hhi. de Lyon. liv. I I I , pug. S I J .