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342 BULLETIN MONUMENTAL ET LITURGIQUE siste, malgré nos réclamations, à déparer l'avant-chœur. II y a, par là derrière, quelque fanatique ami de la musique reli- gieuse, qui le soutient. Qui veut le son veut l'instrument, qui veut l'instrument veut le manœuvre qui souile et l'artiste qui joue. Aussi le scandale d'un soudeur qui grimace et qui s'é- poumone aux yeux du public, celui d'un musicien laïque qui s'agite et se dandine sur son escabeau, en regardant les fidèles, continuent-ils à troubler, dans ce temple, la véritable piété qui ne souffre pas de distraction et a horreur des accents étrangers à la prière. Jusqu'à présent l'autel majeur provisoire n'a pas encore cédé sa place à l'autel définitif qui, je le crains bien, ne vaudra pas celui qu'on a si légèrement et si arbitrai- rement détruit. — Oh! ici, comme à Saint-Jean, il y aurait un beau et méritant sacrifice à faire, ce serait de supprimer l'orgue et avec lui ces motets qui empêchent l'explosion de la prière générale el populaire et du chant inspiré de tous, et avec lui encore ces orchestres, ces symphonies, qui font deux peuples dans un peuple, le peuple des musiciens et celui des fidèles. — Avec le plain-chant seul on se retrouve, parmi ses frères, au milieu de toutes les nationalités, dans le temple chré- tien. En matière de musique religieuse, le véritable progrès aujourd'hui, c'est de reculer jusqu'aux sources les plus pures du plain-chant. Sans doute on peut laisser quelques fleurs musi- cales aux congréganistes : dans les chapelles, à certaines heu- res , pour certains offices non liturgiques ; mais l'église, Ecclesia Magna, comme dit l'Ecriture, l'église où se trouve assemblé tout le peuple chrétien, a mieux à faire que de cons- tater les progrès de l'art musical dans le monde. Elle a sa règle, elle a sa musique ascétique et sacrée.