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                  DE SAINT ISIDORE DE SÉVILLE.                300

séculiers mêlent à leurs labeurs de honteuses chansons, les
Religieux ne doivent-ils pas mêler aussi à leur travail des hymnes
et des cantiques (1)? L'ouvrage fini, on le portait aux Décani
(doyens), ainsi nommés parce qu'ils avaient la surveillance de
dix Religieux ; les Doyens le remettaient au Préposé (Prœpo-
sito, Prévôt), et le Préposé rendait ensuite raison de tout au
Père commun, qui dirigeait avec intelligence, avec sagesse,
humilité et tolérance, tousses enfants spirituels. Le jour, on
se réunissait fréquemment, tantêt pour la prière des heures
solennelles, tantôt pour entendre en un profond silence les
exhortations du Père, tantôt pour prendre une légère réfection
d'où étaient bannies les viandes, et qui devait se borner, en
herbes et en légumes, à ce que demandaient les plus stricts
besoins du corps.
    Néanmoins, les jours de fêtes, on ajoutait aux mets accou-
tumés les chairs les plus légères, c'est-à-dire de la volaille.
Si quelque Religieux voulait s'abstenir de chair et de vin, on
ne l'en empêchait pas, pourvu cependant qu'il n'y eût point
mépris des choses créées de Dieu, comme cela se voyait chez
les Priscillianistes, dont il restait encore des débris en Espagne.
Pendant le repas, on fermait la porte du monastère; tous les
moines mangeaient ensemble, dix à chaque table, et l'Abbé
ne pouvait se dispenser d'être au milieu d'eux, à moins qu'il
ne fût malade. Il fallait sa permission ou celle du Préposé
pour prendre quelque chose hors des heures de la réfection
ordinaire. On faisait, pendant le repas, une lecture pieuse, afin
que la nourriture de l'esprit accompagnât celle du corps (2).
    Jamais les moines ne jeûnaient le dimanche, car il fallait
rappeler dans l'allégresse la résurrection du Sauveur. Quand
il arrivait au monastère quelque hôte, quelque frère étranger,

  (i) Régula Monachor, cap. 5.
  (a) lbid., cap g.