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                      LA COUPE.                           251

Dans le plaisir des yeux naît le charme du cœur;
Le vin vaut mieux quand l'urne est de fleurs couronnée;
Qu'en nos festins, surtout, daigne la Muse ornée
Des plus aimables dieux nous amener le chœur.

A nos graves discours que le rire entrecoupe
Qu'Aphrodite etPallas vident la môme coupe;
Le sage admet aussi les amours enjoués.
Amenons au banquet, charmantes entre mille,
Daphné, Glycère aux yeux d'émeraude, et Camille,
Mais que leurs cheveux noirs restent toujours noués.

Glycère chantera quelque folle élégie.
Du toit joyeux pourtant chassons bien loin l'orgie ;
Poètes, nous avons la Ménade en horreur :
Des soupers effrénés les Muses sont absentes,
Amis, ne faisons pas fuir les Grâces décentes,
Car, après sa gaieté, le vin a sa fureur.

Dans l'excès de la coupe où nous trouvons la verve
L'esprit s'appesantit et la vigueur s'énerve ;
Un slupide sommeil gonfle la lèvre en feu.
Des hautes voluptés nous que la soif altère,
Fils de la Muse, au vin rendons un culte austère,
Buvons-le chastement comme le sang d'un dieu.

Le poète aime mieux l'extase que l'ivresse;
Un sévère échanson a sa table se dresse,
11 invite parfois l'amour à s'y placer,
Mais c'est pour nous dicter ses chansons immortelles;
Amis, qu'en nos banquets les ivresses soient telles
Qu'Elvire ou Béatrix pourrait nous les verser.

Venez ! la table est prête, où l'amitié s'épanche;
De verdoyants rameaux parons la nappe blanche,