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252 LA COUPE. C'est l'autel de la joie et du rire innocent ; C'est là , dans l'abandon des longues causeries, Qu'entre les luths d'ébène et les coupes fleuries Le feu sacré nous touche, et que l'esprit descend ! O vin, source d'amour, nous dirons tes louanges! Nous sommes ouvriers pour les grandes vendanges, Nous conduisons la bêche autour des ceps divins ; Prends-nous à (a journée, ô ma France féconde, Toi qui, pour le salut ou la gaîté du monde, Fais couler tour à tour ton sang et tes bons vins. A l'œuvre, tous à l'œuvre, et préparons la fête, Bras d'acier du soldat, bouche d'or du poète, A l'œuvre les marteaux, les socs, les avirons ; De froment et de miel que les pains se pétrissent ; Et vous, sculpteurs à qui les métaux obéissent, Ciselez dans l'or pur la coupe où nous boirons. Gravez sur ses contours les exploits de l'épée ; Des géants paternels Iracez-y l'épopée, Leur sangpar nous versé, leurs travaux, leursdouieurs; Enseignez à nos fils le dévouement antique; Faites-leur voir, aux flancs de l'urne pacifique, L'âge des grands combats déroulé sous les fleurs. A ceux donc qui sont morts, soldats ou capitaines, Pour le repos promis à des races lointaines, Ce calice doit rendre un hommage éternel ; Qu'il fasse, amis, le tour de la cité des hommes, Et, qu'enchaînés de cœur, comme ici nous le sommes, Tous boivent à la ronde un nectar fraternel. Victor de LAPRADE.