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i;38 L'AKÈNE LYONNAISE ainsi le conservatoire, l'école polytechnique d'où plus tard devaient sortir de si nombreuses illustrations. Cette pépinière de jeunes talents produisit la brillante pléiade qui a jeté tant d'éclat sur nos luttes : Pichat, nommé l'Aimable pour sa bonne humeur et ses manières ouvertes ; Clergeaud, dit VInversable ; Vulpillat, à qui sa fougue et son audace ont valu le surnom de Flambard; Plantier, dit Bel- Àrbre, pour la beauté de son torse et la rigidité de sa colonne vertébrale; Rousset, le premier bras de France, enlevé trop tôt à son art par une alliance patricienne ; et enfin, l'homme le plus étonnant de notre siècle, celui dont le génie et les succès merveilleux devaient abaisser l'orgueil de Nîmes devant la gloire de l'arène lyonnaise, Monsieur le petit Blanchard ! ! Le petit Blanchard ! Jamais surnom ne fut plus juste et plus exact : Blanchard est bien fait, mais il ne brille ni par sa taille, ni par la richesse de sa musculature ; petit, maigre, fluet, d'une constitution délicate, c'est par sa rare intelli- gence, par une adresse et une persévérance inouies, par un indomptable courage, par son génie, enfin, qu'il a pu com- penser l'infériorité de ses moyens et s'élever au-dessus de toute rivalité. A l'époque de transition où Blanchard, quittant les rangs des demi-hommes, voulut prendre place parmi les lutteurs à diplôme, il eut à vaincre une opposition formidable. L'émula- lion jalouse de ses condisciples lui suscita de nombreux ad- versaires, et quelques-unes des célébrités du terroir ne dédai- gnèrent pas de se mesurer avec lui. Blanchard renversa tous ses antagonistes, et ses débuts furent assez brillants pour ré- veiller, dans sa retraite, un ancien triomphateur du Cirque, le fameux Sans-Pareil, que des revers de fortune et une liqui- dation embarrassée avaient exilé sous les chaudières des ba- teaux à vapeur. Sans-Pareil défia Blanchard. Dans cette rencontre périlleuse, les sympathies de la mul-