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ET LE PETIT BLANCHARD. 239 iîtude se concentrèrent sur Blanchard; mais ses partisans les plus affectionnés osaient à peine conserver l'espérance de le voir résister honorablement. Peu d'hommes pouvaient se vanter d'être restés debout devant Sans-Pareil, Non illi quisquam se impune lulissei. Obrius VIRG. et jamais lui-même n'avait été terrassé. Dans ses plus beaux succès, Blanchard n'avait pas encore affronté le choc d'un si rude jouteur ; aussi ce fut avec une émotion bien naturelle et une réserve prudente qu'il soutint le premier assaut : cepen- dant, après quelques passes, il fut facile de prévoir l'issue de la lutte. Des retours offensifs d'une école toute nouvelle sur- prirent Sans-Pareil au moment où il se croyait sûr de l'avan- tage, il s'effraya de cette escrime inédite, et, perdant l'at,laque, sa principale force, il fut réduit à une défense déconcertée. Bientôt, après d'héroïques efforts, ses épaules, vierges dans cent combats, foulèrent le sable du champ clos. D'unanimes applaudissements et les acclamations de deux mille spectateurs furent la première récompense de la victoire de Blanchard. Sans-Pareil se retira en pleurant, rediit mœrens, et, dès ce jour, quitta, pour ne plus le reprendre, le caleçon d'honneur, riche trophée conquis dans des temps plus heureux ! Après ce remarquable triomphe, Blanchard n'eut plus d'é- gaux dans notre arène, et sa renommée, comme celle de Bo- naparte à Toulon, commença à fixer sur lui les regards de l'Europe. Cette époque fut peut-être la plus intéressante de nos luttes. Les doctrines de Blanchard opérèrent une véri- table révolution dans la science ; il avait découvert une voie nouvelle dans laquelle s'élancèrent avec enthousiasme tous ses jeunes sectateurs. Ce fut comme la renaissance de l'art resté trop longtemps emprisonné dans les bornes étroites d'un clas-