page suivante »
ET LE PETIT BLANCHARD. 237 ol, sans être arrêté un instant par la défense éperdue de l'in- fortuné colosse, il lui fit le coup d'hanche et le tomba sur les ileux épaules au milieu d'un rire universel. En peu de temps, les lutteurs méridionaux régnèrent sans contestation dans notre arène, luttant amicalement entre eux ou avec quelques amateurs sans prétention. Leur condescen- dance accordait même à certains privilégiés de légers avan- tages dont presque toujours notre sentiment national, encore peu éclairé, s'emparait comme de triomphes légitimes. Pendant plusieurs années, les Provençaux obtinrent de fa- ciles victoires ; mais l'expérience des battus ne devait pas demeurer stérile, et, souvent au milieu des joies du vainqueur, eux aussi purent s'écrier : Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor ! VIRGILE. avec d'autant plus de justesse qu'ils avaient eu de nombreuses côtes enfoncées ou rompues dans ces héroïques délasse- ments. Parmi la jeunesse studieuse admise aux exercices de l'arène, se trouvaient quelques adolescents désignés par le nom de demi-hommes. Dans des luttes pleines de grâce et de viva- cité, ils rachetaient, par l'élégance et la rapidité de l'attaque, ce que leurs moyens laissaient encore à désirer. Ils imitaient avec intelligence le jeu des grands artistes en possession de la faveur publique, et, pénétrés du précepte d'Horace, qui stu- det optatam, etc., ils préludaient à leurs succès futurs par un rude et laborieux apprentissage. Quelques-uns , doués d'une aptitude spéciale, cultivaient la boxe ou la savate, et nous révélèrent des miracles de sou- plesse et d'agilité, dans les intermèdes d'assauts plus sérieux. Les maîtres de la science encourageaient ces heureuses dispositions ; ils les éclairaient de leurs conseils, et formèrent