page suivante »
236 L'ARÈNE LYONNAISE alors, causa, dans toutes les populations de nos alentours, une sensation extraordinaire; la nouveauté du spectacle, l a r e - nommée des hauts-faits de ces preux, en excitant la curiosité générale, émurent violemment nos amours-propres : Lyon, Givors, Trévoux, Mà con, Villefranche, entraînés par une g é - néreuse émulation, réunirent leurs plus forts hommes, tout ce que l'élite de leur jeunesse offrait de plus formidable, et ces robustes champions, pleins d'ardeur et d'enthousiasme, descendirent dans l'arène, relevèrent le gant des illustres étrangers, et, dignes d'un meilleur sort, tombèrent noble- ment pour l'honneur du pays. En effet, devant une vigueur prodigieuse, aidée par une savante tactique et la confiance du succès, la force ignorante et le courage aveugle durent constamment échouer. Parmi les intrépides jeunes hommes entrés dans la lice pour combattre les Provençaux, plusieurs succombèrent avec gloire, et souvent le vainqueur, hors d'haleine et tout zébré de leurs étreintes, se retira dans sa tente plein d'estime pour leur résistance. Cerles, ce ne fut pas une défaite humiliante celle des Suchet, des Geoffroy de Lyon, des Joux de Givors ; aussi l'admiration et les sympathies du public les dédomma- gèrent bien de leur échec. D'autres, plus malheureux, à la honte de la chute, joigni- rent les sifflets des spectateurs, sans pitié pour la médiocrité présomptueuse. Je citerai, pour exemple, un homme, d'ail- leurs rempli de mérite, l'imprudent, jeune, beau, fier de sa force et de la position distinguée qu'il avait occupée récem- ment dans un régiment de la garde royale, en qualité de tam- bour-major, ne craignit pas de faire porter sur l'affiche, en gros caractères, son nom décoré de l'épilhète ambitieuse : M..., le plus beau Colosse des environs l Ses airs arrogants, ses manières fanfaronnes lui attirèrent une sévère leçon. Le ter- rible Quiquine 'ondit sur lui, comme sur une victime dévouée,