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214                  DE LA CHUTE DE         L'HOMME

celui qui la mérite ; et qu'alors le malheur de l'homme a s«
cause dans le libre refus de la grâce, et non point dans une
prédestination de Dieu, comme l'ont avancé les esprits fata-
listes dont nous avons parlé. Le salut de l'homme prend sa
source dans la miséricorde divine ; mais le fleuve se grossit
par les ondes de la liberté et de la grâce se mêlant pour se
verser dans l'océan éternel.
    Ce n'est pas l'homme qui commença par exister, c'est bien
 Dieu qui commença par le créer ; seulement par ses actes,
l'homme coopère ensuite à sa conservation. Il en est néces-
 sairement de même pour la réparation. L'homme n'a pas pu
 commencer, autrement il n'aurait eu besoin de personne pour
 se réparer dans la perfection. La grâce a dû prévenir l'homme
 sans qu'il ait pu la mériter, puisque c'est en cela que con-
 siste l'infériorité du relatif ou du naturel ; et sans qu'il ait pu
 le premier l'appeler, puisque c'est en cela que consiste la
 corruption dont il est frappé. Mais l'homme a pu consentir à
 la grâce et y correspondre avec liberté.
    Voici le fait : L'homme est tombé, et Dieu lui tend la main
 pour le relever ; l'homme prend cette main, et s'y attache
 assez pour que Dieu puisse le tirer jusqu'à lui. Là est toute
 la question de l'initiative, ou du rapport de la grâce et de la
 liberté.
     L'homme ne peut rien, en ce sens qu'il ne peut mériter la
  grâce ; mais il peut tout, en ce sens qu'il peut la recevoir
  et en profiter. En reconnaissant, dans le premier cas, toute
  sa faiblesse et son indignité, l'homme rend gloire à Dieu ;
  en reconnaissant, dans le second cas, toute la puissance de
  sa liberté, il remercie Dieu de pouvoir le glorifier (1).
     Les preuves expérimentales sont souvent bonnes, j'en don-

    (i) De la justification de l'homme. Consulter l'excellent ouvrage de MÅ“hler,
 'le Munich, la Symbolique.